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Feu Mohamed Moncef Kort ( 1943 - 1996 )
Fondateur du Théâtre Jeune de Nabeul

Mohamed-Moncef Kort, l'enfant du pays que la mort a hélas ravi trop tôt le 19 juillet 1996, a marqué de son empreinte personnelle les oeuvres théâtrales à Nabeul. Féru de théâtre depuis son plus jeune âge , il a oeuvré dans le genre oratoire avec beaucoup de talent. Aujourd'hui , les oeuvres theâtrales sont encore marquées par le génie de ce dramaturge et acteur. En 1963, Mohamed-Moncef fonde alors le "Théâtre Jeune de Nabeul". En 1983, il crée une comédie intitulée :" Nabeul, ma Chérie !" qui est publiquement reconnue en 1987 à l'occasion des festivités marquant le centenaire de la Municipalité de Nabeul sous le nouveau titre :" Ahkili aliha "dont la traduction est " Parlez-moi d'elle ".


*** Un grand merci à notre ami Ahmed Bouamoud pour sa contribution à réaliser cette page web.

Moncef KORT, le comédien et l’auteur dramatique par Ahmed Bouamoud

Le regretté Moncef Kort, disparu le 19 juillet 1996, est considéré comme l’une des principales figures du théâtre amateur en Tunisie. Il a fondé en 1963 Le Théâtre Jeune de Nabeul et incarné pendant 33 ans des dizaines de rôles, dans pas moins de 40 pièces que cette prestigieuse troupe a pu monter durant cette période (1963 – 1996). Il a aussi adapté et écrit la plupart de ces créations.

1) Moncef Kort, le comédien :
Tout au long de sa carrière, il a campé de multiples personnages drôles et variés, auxquels il a donné beaucoup de son humour et de sa gaîté. Il en a fait alors des héros comiques qui ont toujours séduit le public et l’ont à chaque spectacle fait rire aux larmes. On se rappelle le personnage de Elguennoubi, le domestique amoureux dans : « Elyénasib » ; celui de Abdelmonaam, le médecin malgré lui dans : « Elkollou Min Aaychoucha » ; celui aussi du commissaire ambitieux dans : « Ah Yé Aarfi » ; ou encore celui de Elaatrous, le responsable arriviste qui vend son âme au diable, dans : « Elkhannes Elwaswes » ; celui de Nouri, le chaouch corrompu, dans « Moudhakkarat Chawich » ; de Aammou le mari stérile et misogyne, qui en mal d’enfant épouse quatre femmes qu’il répudie successivement sous prétexte qu’elles sont elles-mêmes incapables de lui donner l’enfant tant espéré ; celui de Fadhel, homme faible et complexé, victime d’une éducation traditionaliste, sévère et rétrograde ; celui de Georgette, la voisine juive qui venant exprimer ses condoléances à sa rivale endeuillée fait mourir le public de rire, dans « Yarhmou Bfaalou » ; celui de Nouba, la mère simple et naïve, affolée par la rivalité de ses deux fils, frères ennemis, dans « Habibi Yé Khouya » ; ou enfin celui de Jamila l’épouse ignorante et cancre qui refuse de coopérer avec son mari dans son projet de faire de leur fils unique un médecin, à tout prix. Ils sont tous des personnages inoubliables avec lesquels Moncef Kort a longtemps régalé le public du Théâtre Jeune de Nabeul.

2) Moncef Kort, l’auteur dramatique :
Mais Moncef Kort est aussi un auteur dramatique comme il y en a peu sur la place. Il s’est petit à petit confirmé en traversant d’abord une période de tâtonnement et de recherche de son propre style. Il a commencé à ses débuts par l’adaptation de quelques textes du répertoire français : une tragédie, « Bayna Hobbin Wa Hokm », d’après Montherlant, une pièce policière, « Laabit Elhalleb », d’après Roussin, un vaudeville, « Ghatti ayn Echams », d’après Labiche et une comédie classique, « Elfraj Aala Allah », d’après Molière. Puis, il est passé à la création pure en s’inspirant de la réalité et de son propre vécu, en traitant ses sujets avec un humour et une légèreté sans pareils et en choisissant délibérément de rédiger ses dialogues dans un parler purement nabeulien. Ce qui a induit certains à qualifier son théâtre de régional. Cependant, ils ont oublié que le théâtre de Moncef Kort tout en collant au réel et au vécu atteint de par son authenticité, sa profondeur et sa sincérité, une dimension universelle. Une pièce comme « El Jarra Labès » qui traite de l’effet du tourisme sur la ville de Nabeul et raconte l’histoire de Halloula, clochard connu par tous les nabeuliens à l’époque, ou « Ahkili Aaliha » qui illustre de façon allégorique la lutte des classes entre les quartiers populaires et modestes de la ville de Nabeul comme Errbat, Errai, Lahouech, d’un côté, et ceux plus riches et plus modernes comme la Cité et Sidi Mahrsi, d’un autre, ont été représentées un peu partout en Tunisie et ont été appréciées et comprises par tous les publics du Nord au Sud. Que les Nabeuliens les apprécient plus et en saisissent toutes les nuances et allusions, je ne le nie pas, c’est tout naturel, mais c’est exactement pareil pour la troupe de Gafsa ou celle du Kef jouant devant leurs publics respectifs. Non, le théâtre de Moncef Kort, contrairement à ce qu’ont pu prétendre de mauvaises langues, n’est pas « étroitement et stérilement régional ». Certes il porte indélébilement un cachet nabeulien, mais il est adressé à tous les tunisiens et par delà à l’humanité toute entière. C’est que les thèmes qu’il aborde sont aussi riches que variés et ils sont souvent d’un grand réalisme, d’une authentique humanité et d’une brûlante actualité. C’est pourquoi ils parlent au public, d’autant plus que Moncef Kort, traite ces sujets souvent avec fantaisie et toujours avec subtilité et profondeur, dans un style léger, une drôlerie et un humour délicieux. Dans « Mitwiffi Fi Ijaza » par exemple, il met l’accent sur les problèmes entraînés par la crise agricole qui a frappé le pays dans les années soixante dix ; dans « Elweswes Elkhannes », il analyse les phénomènes sociopolitiques de l’arrivisme ; dans « Moudhakkarat Chawich », il nous fait pénétrer dans les dédales d’une administration corrompue ; dans « Habibi Yé Khouia », il donne des exemples socio-psychologiques des rapports filiaux et fraternels, et dans « Kif Yé Bounai », il traite le sujet de l’éducation, de la réforme de l’enseignement et de leurs effets pernicieux sur les parents et les élèves. Mais malgré l’importance et la gravité de ces problèmes, Moncef Kort réussit toujours, autant à faire réfléchir le public qu’à l’amuser. « Eduquez les gens par le fouet du rire », a dit l’autre.

Petit aperçu sur les principales œuvres de Moncef Kort
rédigé par Ahmed Bouamoud

« Eljarra Labès » (1976)
Cette pièce traite des problèmes provoqués par le tourisme dans notre pays et met l’accent sur ses effets négatifs sur la société, sur ses traditions et coutumes et sur son économie. Toutes ces questions sont abordées à travers un personnage véridique, Halloula, clochard notoire de Nabeul qui a élu domicile aux abords de la fameuse Jarre, emblème de la ville. Ce personnage haut en couleurs, sorte de fou du village, n’hésite pas à dire leurs quatre vérités à tous. Il fréquente les touristes, se propose comme guide et les promène partout dans la ville : ses souks, ses cafés, ses boutiques ; s’introduit dans ses maisons et ses noces commente tout, répond à toutes les questions qu’on lui pose avec une franche spontanéité, un humour naturel et des critiques acerbes.
« Elfondok » (1978)
Cette pièce est une allégorie réunissant un groupe d’animaux : un chameau, une chamelle, un cheval et un âne qui vivent dans la ferme d’un agriculteur. Celui-ci a vendu sa terre donnant sur la mer à une société touristique qui a construit un hôtel. C’est alors que la vie de ces animaux se transforme complètement, car ils sont obligés de se recycler et de s’adapter à cette nouvelle situation. Ils s’intègrent donc dans le secteur touristique, et, de bêtes de somme, ils se transforment en animateurs touristiques qui promènent les touristes sur les plages, dans les souks et les divertissent. C’est symboliquement le cas de beaucoup d’habitants dont le tourisme a transformé l’existence et qui ont subi ses influences économiques, sociales et morales, pas toujours positives.
« Mitwiffi Fi Ijaza » (1980)
Cette pièce raconte l’histoire d’un grand agriculteur qui meurt de dépit à la suite de sa ruine due à la faillite du secteur agricole. Quelque temps après, le ciel lui accorde une permission de deux semaines, lui donne l’occasion de ressusciter et de revenir parmi les hommes. Sortant de sa tombe, il rencontre trois vagabonds, espèces d’ivrognes qui habitent au le cimetière et qui le prennent en charge, le promènent à travers la ville, lui faisant découvrir les travers de la bureaucratie et de la corruption, la régression du secteur agricole et la marginalisation de la culture.

Ahmed Bouamoud, Moncef Kort et Rafik Berrzzaga dans « Miwiffi Fi Ijaza»

Moncef KORT et Fehri HAMMALI dans « Elwaswes Elkhannes »
« Elweswes Elkhannes » (1981)
Cette pièce raconte l’histoire d’un jeune homme issu d’un milieu modeste qui par ambition et arrivisme fait un pacte avec le diable. Celui-ci va le conseiller et le guider afin de lui permettre de gravir les échelons du pouvoir, de s’enrichir et de réussir par tous les moyens et coûte que coûte, indépendamment des considérations morales et humaines.
La pièce nous fait vivre alors le dialogue entre le héros et son démon, son tiraillement entre le Bien et le Mal.
« Ahkili Aaliha » (1987)
Moncef Kort a écrit cette pièce spécialement pour fêter le Centenaire de la commune de Nabeul, l’inauguration du Théâtre de plein air de Nabeul et le lancement du festival d’été de Nabeul. Elle représente les traditions et coutumes de la ville de Nabeul, ses spécificités, ses atouts et contradictions et le fait dans un style comique et persifleur. Tous les personnages de la pièce représentent des quartiers ou des institutions de la ville et leurs rapports à la fois fraternels et conflictuels : Errbat, Errai, Lahouèch : (quartiers des gens modestes et authentiques), La Cité, Sidi Elmahrsi : (ceux des nouveaux riches avec leur snobisme et leur arrivisme), la Municipalité, la Maison de la culture avec leur laisser-aller. A la fin de la pièce les quartiers populaires se révoltent contre les beaux quartiers et menacent de lâcher sur eux Oued Errbat pour les inonder.

R. Berrazaga, F. Ben Hafsa, S. Bettaïeb, Moncef Kort et Slim Mansour dans "Ahkili Aaliha"
« Moudhakkarat Chawich » (1989)
La pièce nous fait promener à travers les souvenirs d’un chaouch fraîchement mis à la retraite et qui fait une rétrospective de sa vie. Il raconte son enfance, l’école, ses rapports avec ses parents, son service militaire, son entrée en fonction et les différents supérieurs et collègues qu’il a subis, pendant l’administration française et durant la période qui a suivi l’indépendance. Il nous fait alors traverser les couloirs de l’administration, ses bureaux, les pratiques et les magouilles de ses directeurs et fonctionnaires, l’absentéisme, le clientélisme, le favoritisme, le laisser-aller, l’incompétence et la corruption généralisée.
« Krouda Bilbala » ou Singes à gogo(1991)
Cette pièce traite du sujet de l’éducation traditionnelle et conservatrice et de son influence sur la psychologie, le caractère et l’avenir de l’enfant et des rapports conflictuels entre le père et le fils. Elle critique donc le despotisme du père qui étouffe son enfant et ne lui laisse aucune chance d’épanouissement. Ainsi, l’éducation civique, religieuse, sociale, sexuelle et morale rétrograde intolérante et fanatique que monsieur Jilani donne à son fils Fadhel et son autoritarisme débridé vont faire de lui un complexé, un handicapé social, un incapable, un introverti et un misanthrope invétéré.

Moncef Kort et Mohamed Rabbaoui dans « Krouda Bilbala »

Moncef Kort et Ahmed Bouamoud dans « Errjel Titlaka »
« Errjel Titlaka » ou (Une Soirée entre hommes) (1992)
– Coécrite avec Ahmed BOUAMOUD -.

Cette pièce traite des rapports entre l’homme et la femme en tant qu’épouse et mère. Elle fait l’analyse de ces liens conflictuels et pleins de contradictions en montrant comment ils balancent entre l’amour et la haine, l’attirance et la répulsion. Le tout à travers une beuverie réunissant trois personnages :
-Hmida, le faible, qui se plaint de l’oppression et de la domination de sa femme acariâtre ;
-Naceur, le fils à maman, qui cherche n’importe quel prétexte pour échapper au mariage et demeurer dans le giron de sa mère ;
-Ammou, le stérile en mal d’enfant, qui refuse de reconnaître sa stérilité et l’impute aux nombreuses femmes qu’il épouse pour le temps de reconfirmer son affection.
« Yarhmou Bfaalou » (1993)
– Coécrite avec Ahmed BOUAMOUD -.

A la suite du décès de Si Yahya, riche bourgeois de la ville, sa famille, ses voisins et tout son entourage entrent en ébullition. C’est l’occasion pour les deux auteurs de la pièce de traiter le sujet de la mort dans toutes ses dimensions : métaphysique, psychologique, humaine, sociale ; de montrer dans un style satirique et avec beaucoup d’humour noir l’égocentrisme de l’homme, son égoïsme, son attachement à la vie et de dénigrer les vieilles pratiques, traditions et croyances qui entourent la question de la mort. La gageure étant de faire rire le public sur un thème tragique en exploitant ses côtés ridicules et absurdes.
Habibi Yé Khouya » ou Les frères ennemis(1994)
Pièce en quatre tableaux indépendants, mais dont le thème est commun : les conflits fraternels. D’abord, le drame de Rjeb un travailler à l’étranger que son frère resté au pays spolie, exploite, ruine et conduit à la folie. Ensuite, l’histoire cocasse de Chedli et Slah deux frères ennemis qui tombent amoureux de la même fille et s’entredéchirent pour elle. Celle encore de Karim et Kraïm, deux vrais jumeaux dont la parfaite ressemblance joue des tours inénarrables à leur entourage et que l’un d’eux exploite pour faire sortir son épingle du jeu et toujours aux dépens de son pauvre jumeau. Et enfin, celle du trio fraternel de Tijani, Slimane et Taïeb qui s’entretuent pour affaire d’héritage.
« Kif Yé Bounaï » ou L’école de base 1995
Cette pièce raconte l’histoire de Tarhouni et sa femme Jamila, couple ignorant, qui après tant d’années de stérilité attend enfin un événement heureux. En effet, Jamila est enceinte et attend un petit garçon. Fou de bonheur, Tarhouni jure de faire, à tout prix, de son futur fils un futur médecin. Il confie alors son vœu à un instituteur retraité qui lui conseille de se mettre sans attendre, à l’étude, lui et sa femme, pour pouvoir plus tard aider leur enfant à faire ses devoirs scolaires et garantir ainsi sa réussite. Convaincu et très motivé, Tarhouni se met à prendre des leçons particulières et à en faire donner de force à sa femme. Seulement autant, lui est assidu et zélé, autant sa femme est cancre, récalcitrante et démotivée, ce qui produit entre eux des scènes hilarantes et pleines de gags.

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